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ofildmo
19 mars 2016

Mon cher père

   Que cette lettre traverse les étendues qui nous séparent, pour que tu saches, que je suis fidèle à ta mémoire, même quarante-quatre ans plus tard.

   La princesse de ton désert qui t'aime vaillamment et sans bruit.

 

DSC_0370       

   En ce froid matin de mars, je traverse le parc comme je vais traverser ta vie.

   Sans me retourner, d'un pas décidé...

   J'affronte le vent glacial, je sais que je viens déposer un éternel hiver au fond de nos coeurs brûlants, de mon sang.

   Pas d'espoir d'en voir un jour la fin, car figé pour l'éternité, dans cette cruelle réalité, qui dessert les hommes désenchantés.

   Tu es si jolie, dans tes langes d'un blanc éclatant, petit bourgeon fragile, dissimulé dans la nacelle sombre de ton landau.

   Tu me fixes de tes magnifiques yeux bleus, pailletés d'or, une petite mèche brune s'est échappée sur ton front rosé, tes lèvres s'entrouvent, comme pour murmurer mon nom.

   Mon coeur exulte de joie, ivre d'amour, rien ne m'avait préparé à éprouver pareille émotion ! je me sens submergé par une lame de chaleur qui inonde tout mon être, comme une journée ardente dans mes lointaines montagnes.

   Timidement, mes mains basanées te saisissent délicatement, telle une frêle fleur des champs cueillie à la rosée.

   Mes bras puissants se font berceau de dentelles pour accueillir mon petit ange.

   Je perçois la force vive de ton âme qui s'insinue dans mon esprit, le liant pour toujours dans son amour infini ! à cet instant, toutes les beautés de la terre me sont dévoilées :

   Le soleil à son zénith, flamboiera de mille feux puissants, inondant de ses rayons les contrées inaccessibles, que nos pas fouleront dans de glorieuses épopées.

   Les étoiles, au firmament, veilleront avec bienfaisance sur nos liens éternels, transcenderont notre lumière intérieure, pour nous rendre meilleur, avec la création du seigneur et  ses créatures...

   L'heure terrible du départ a sonné ton pauvre père, de son gong austère, elle déchire en lambeaux mes illusions, mes chimères, chacun de ses coups précipite mon calvaire.

   Je ne peux me résoudre à t'abandonner, avec tout cet amour à partager, pourquoi s'éloigner ?

   Parfois, AIMER, c'est aussi accepter de S'EFFACER...

   Ton regard brûlant me transperce, tu ressens ma torture, ma détresse; Dieu m'est témoin, et je l'implore : Par pitié, arrachez-moi le coeur, mais pas mon enfant.

   Ma mâchoire se crispe de douleur, je dois rester digne dans ta mémoire, pris de vertige, je te confie à celle qui t'a donné la vie.

   Pour me donner du courage, tu m'adresses un sourire merveilleux, je dépose un dernier baiser de miel sur le velours de ta joue et te quittes.

   Le destin en a ainsi décidé, il a scellé mon sort, moi l'étranger, je m'en remets à mon désert, avec l'espérance qu'à la fin des temps, mon oasis enchantée, fêtera nos retrouvailles dans l'immencité des cieux.

   A DIEU

  

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Commentaires
K
🤗
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P
Une magnifique déclaration d'amour où l'émotion est palpable à chaque instant !
Répondre
ofildmo
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ofildmo
  • Au fil des mots des textes prennent forme, ils sont le reflet des pages de notre vie : joyeux, tristes, inquiétants, ennuyeux (avec des coquilles orthographiques), peu importe le livre de notre destin s'écrit à l'encre de nos veines.
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