Jamais dans mes rêves, je n'aurai osé imaginer pareille merveille! Suspendue, entre ciel et mer, arrimée à son éperon rocheux, l'abbaye domine le mont, et en impose par son audacieuse architecture, défiant les lois de la gravité.

La statue de l'archange Saint-Michel se fait trait d'union, entre Dieu et les hommes, protégeant toute âme qui visite son domaine.

Pourtant, la fascination et le mystère de ce lieu perdent de leurs attraits, face à la gestion mercantile, qui taxe le visiteur, et cela, dés les parkings situés à trois kilomètres: douze euros la journée, à ce tarif là, pas question de succomber au charme des maringotes, on se contentera des navettes pour arriver au pied du mont.

La culture a aussi un prix: dix-huit euros par adulte, pour avoir un aperçu de l'histoire de l'île, réparti dans quatre mini-musées. Pour avoir le privilège de pénétrer dans l'abbaye, compter neuf euros , minimum, bien entendu, pour avoir accès à un audio-guide, on vous délestera de quelques euros de plus. Et la facture ne cesse d'enfler, toute au long de la journée: un sandwiche: six euros, une part de flan: quatre euros cinquante, un café: trois euros cinquante.

Mais arrêtons-là, les comptes d'apothicaire, car la réalité, est que cette manne financière, permet de pérenniser des centaines d'emplois pour les locaux. Et après tout, l'aspect matériel n'est pas une fin en soi.

La magie du lieu opère, dés l'entrée du village: les vieilles maisons à colombages, réhabilitées en restaurants ou en commerces sont accueillantes, et feraient presque oublier la provenance de souvenirs "made in china", vendus à des japonais, à peine surpris, de cette déconvenue.

La foule, cosmopolite, est dense. Dans les ruelles, touristes et pèlerins se côtoient, et partagent des moments d'extase, en découvrant les panoramas somptueux, qui s'offrent à eux.

Le soleil inonde de lumière la baie: sur le sable gris, on aperçoit des centaines d'empreintes de pas, qui se livrent à une curieuse course poursuite. La mer s'est retirée, créant un paysage lunaire, ponctué de sinueux méandres, où cheminent librement les rivières à travers les herbus. Des troupeaux de moutons paissent, sans prêter la moindre attention aux touristes qui les approchent.

La vie paraît si sereine, l'archange scintille de milles feux, et nous envoie, paisible promeneur, à une rencontre introspective. Le coeur et l'esprit sont libérés de leurs carcans étroits, pour épancher leur soif de fraternité. Attentif à autrui, on se fait humble et investi de bons sentiments. L'homme s'affranchit de son individualisme, pour se découvrir des élans altruistes.

L'ascension du mont, n'est pas que figurative, chaque marche que l'on gravit, est comme un pallier, qui nous mène à la conquête de nôtre propre profondeur d'âme. A jamais, une partie de celle-ci, s'accorde à l'harmonie de cette île, pour que l'on n'oublie pas, que même si, l'individu est centré sur ses propres désirs, il a la capacité de s'ouvrir aux autres.

Qui va au Mont ....

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