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ofildmo
7 août 2015

Orphété VS Gorgone

   L'ombre furtive d'Orphété longeait l'immense couloir sombre, le scintillement des pierres précieuses qui ornaient son ceinturon trahissaient par moment sa présence féline. Ses pupilles dilatées déchiffraient les hiéroglyphes incrustés sur chaque porte; si la prophétesse n'avait pas menti le carré de Pégase ne devait plus être loin. La pénombre fit place à un halo lunaire où la poussière d'argent semblait en suspension.

   La mâchoire du bel éphèbe se contracta, une pensée douloureuse effleurait son esprit, supplantée rapidement par un torrent de colère.

   " Reste calme mon vieux, reste calme! " S'exorta-t-il. " Je dois réussir ma mission je n'aurai pas de seconde chance." Sa silhouette musclée se figea aux aguets, prêt à toute éventualité. Le ciel noir constellé de myriade d'étoiles avait remplacé la voûte obscure du château le rendant vulnérable, la lourde porte s'ouvrit légèrement sous l'impulsion d'Orphété, un souffle puissant l'aspira à l'interieur de la pièce qui était dépourvue de mur: du sable blanc, des nappes d'eaux turquoises, des algues, des espèces marines flottaient dans l'air en apesanteur!

   Des sirènes aux somptueuses chevelures plongèrent dans les vagues interrompant leur chant funeste à l'arrivée de l'intrus. Orphété porta la main à son épée, un vent violent se leva créant un tourbillon qui engloutit le sable, l'eau, tous les éléments aquatiques. Le jeune homme avait beau résister, il se sentait inexorablement entraîné dans une chute vertigineuse, puis le contact brutal avec un sol caillouteux le laissa  à moitié-mort.

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   Un rire hideux provenait de la caverne, l'écho reproduisait à l'infini le cri démoniaque de la créature malfaisante. Le sang glacé d'éffroi, le naufragé essuya le liquide carmin qui avait coagulé sur ses lèvres mortifiées, il déchira sa tunique de lin d'un geste assuré et entreprit de bander ses yeux afin de se plonger dans une nuit artificielle. Guidé par le vacarme du monstre, il s'engouffra dans la grotte.

   Aux hurlements se mêlaient des sifflements caractéristiques des serpents qui coiffaient la Gorgone, l'odeur pestiferentielle envahissait l'air: un mélange de poisson en décomposition, d'embruns, d'algues et de souffre saturaient l'oxygéne. Avec panache, Orphété jeta ses dernières forces dans une bataille à l'aveugle. Il devait frapper le flanc droit; un liquide chaud et gluant coula sous la lame qui se frayait un passage dans la chair épaisse. La bête se débattait, tentant de lui arracher son bandeau, mais le vaillant chevalier tenait bon, seule l'image de son amie décuplait son courage et ses forces.

   Il réussit a remplir une fiole de sang de la Gorgone, et dans un dernier effort s'extirpa du nid et courut se mettre à l'abri à la lumière du soleil couchant. A tout moment, l'obscurité pouvait tomber; muni de son précieux butin Orphété réfléchissait au moyen de quitter ce rocher au milieu de l'océan. Les eaux ténébreuses ne semblaient guère avenantes, des monstres fantastiques devaient s'y être tapis, prêts à fondre sur l'inconscient qui s'immergerait dans leur monde.

   L'épuisement s'abbatit sur le jeune homme lui faisant perdre espoir, il détacha son ceinturon incrusté de pierres précieuses et le lança dans l'eau, un léger clapotis puis le silence oppressant. Un bruissement d'ailes lui fit lever les yeux au ciel, l'apparition le terrassa:

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   Pégase monté par le fier Persée se tenait devant lui: " Preux chevalier ton coeur pur a touché Androméde, elle m'envoie te protéger et te ramener vers celle que tu désire sauver." Les jambes tremblantes, Orphété se hissa sur le dos de la mythique monture, ses mains agrippèrent l'épaisse crinière et  c'est sous bonne garde qu'il  retrouva son monde et sa douce amie. Il s'agenouilla prés d'elle et fit couler dans sa gorge quelques gouttes du sang de la Gorgone. La vie à nouveau habitait cette magnifique légende qu'un ami sincère au péril de son existence avait sauvé. Un souffle tiède s'échappa des naseaux, de legers tremblements coururent sous le cuir soyeux et la licorne redressa sa noble tête surmontée d'une grande corne d'albatre. Le regard bleu céleste enveloppait avec reconnaissance son bienfaiteur.

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ofildmo
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ofildmo
  • Au fil des mots des textes prennent forme, ils sont le reflet des pages de notre vie : joyeux, tristes, inquiétants, ennuyeux (avec des coquilles orthographiques), peu importe le livre de notre destin s'écrit à l'encre de nos veines.
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