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ofildmo
19 août 2015

HOMMAGE A UN VISAGE

La rue fourmille de citadins pressés, d'un flot ininterrompu de véhicules, se frôlant sans presque jamais s'entrechoquer, se hâtant vers leur destination certaine.

En cette fin de matinée d'été, des vacanciers s'octroient une pause café à la terrasse du bar-tabac " l'Amical ", situé prés de la gare.

Des passants en quête de journaux, de tabac, de jeux de hasard, d'un apéro entre deux piliers de comptoir, d'un semblable pour rompre la solitude, vont et viennent en prenant soin de ne pas l'effleurer, on l'observe avec condescendance; cependant, le regard est appuyé car si sa présence est tolérée, elle doit se fondre dans le décor urbain, se figer comme ces marches en pierre qui l'accueillent. 

L'agitation environnante est captée par chacune de ses cellules qui dans une alchimie désordonnée semble faire vibrer son corps tel un diapason. Son tronc oscille lentement d'avant en arrière, produisant la chaleur vitale nécessaire pour maintenir sa température corporelle à la normale.

Le visage émacié, laisse transparaître une peau diaphane sous laquelle des muscles nerveux contractent une mâchoire carrée où se niche une bouche aux lèvres charnues qui articule  un monologue aphone.

Des cascades de mots s'entrechoquent, se bousculent, bouillonnant de vigueur, sans le moindre bruit. La tempête verbale s'empare de ses yeux bleus vides, animés une fraction de seconde de sentiments, d'arrêts sur états d'âme; elle semble sonder les vastes étendues de son existence, se replie.

D'angoissantes questions se profilent, disparaissant devant autant d'incertitudes. Ses mains nerveuses se tordent, la gauche se saisit du minuscule sac à main posé à ses pieds et victorieuse arrache à son ventre de plastique un paquet de blondes. Ses doigts impatients extraient une cigarette qu'ils portent à sa bouche promptement. 

Inhalé, le poison brûlant se fraye un passage jusqu'à ses bronchioles avec la certitude de lui occasionner une infortune de plus. Elle se redresse, avec son port de tête altier, cherche à capter un regard puis s'éteind à nouveau absente, indifférente à cette société sans égards pour les plus démunis.

Elle se recroqueville comme une fleur qui s'étiole car comme chacun le sait: " même la plus belle des fleurs se meurt si personne ne vient lui conter fleurette, le coeur des hommes aussi..."

 

20150823_153035

 

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ofildmo
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ofildmo
  • Au fil des mots des textes prennent forme, ils sont le reflet des pages de notre vie : joyeux, tristes, inquiétants, ennuyeux (avec des coquilles orthographiques), peu importe le livre de notre destin s'écrit à l'encre de nos veines.
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